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Vous en avez déjà sûrement entendu parler. Après avoir pris d’assaut le marché français, le HHC a été interdit par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Vous vous demandez ce que c’est précisément que le HHC, quelle est son histoire, quels sont ses effets et pourquoi il a été prohibé. Nous vous expliquons tout ce qu’il y a à savoir sur cette molécule semi-synthétique.
La décision est annoncée au 12 juin 2023 : le HHC est dorénavant classé comme stupéfiant. En tant que tel, il est interdit à la vente et à la consommation.
Le ministre de la Santé, François Braun, s’est exprimé à ce sujet sur France Inter, un mois avant l’annonce de l’interdiction du HHC. Après avoir souligné les effets psychotropes et addictifs du HHC, celui-ci a mis en avant « une faille de classification » autour du HHC. Une faille qu’il souhaitait combler en interdisant la vente du produit 1.
Que ce soit sous forme de fleurs, de résines, d’infusions ou même de bonbons, le HHC et ses dérivés, le HHCO et le HHCP, sont donc aujourd’hui illégaux sous toutes leurs formes.
Le HHC ou hexahydrocannabinol est une forme hydrogénée du THC. Elle est présente naturellement à l’état de traces dans les graines et les fleurs de certaines variétés de cannabis sativa. Mais elle peut également être synthétisée en laboratoire à partir d’extrait naturel de cannabis, c’est pourquoi on parle d’une molécule semi-synthétique.
Chimiquement, le Tétrahydrocannabinol devient hexahydrocannabinol par l’ajout de deux atomes d’hydrogène. Ce faisant, la molécule devient plus robuste et plus stable. Sa saturation en hydrogène la rend inoxydable et il devient impossible de la dégrader, contrairement au THC. Pour rappel, ce dernier peut se dégrader et perdre tous ses atomes d’hydrogène devenant alors du Cannabinol (CBN).
Bien qu’aucune étude exhaustive et approfondie n’ait été réalisée à propos du HHC, sa structure chimique et quelques études mineures nous ont permis de comprendre une partie de son action et de son fonctionnement.
Comme son cousin dont il est issu, le HHC s’attache aux récepteurs CB1, mais son action est plus faible que le THC. Il procure donc à peu près les mêmes effets dans de plus faibles proportions. Comme lui, il provoque :
Toujours comme le THC, il est également responsable de bon nombre d’effets délétères, potentiellement dangereux. Selon l’ANSM, la consommation du HHC engendre des risques tels que : « tremblements, vomissements, anxiété, « bad trip », confusion mentale, malaise, tachycardie, douleur thoracique, poussée tensionnelle, ». Il présente également un « risque d’abus et de dépendance, comme le cannabis » 2. Ce sont ces risques sur la santé, expliqués par la similarité entre THC et HHC qui ont décidé L’ANSM à classer la substance comme stupéfiant.
Pourquoi l’interdire après plus d’un an de commercialisation ?
C’est simple, en France, pour qu’une molécule inconnue soit classée comme stupéfiant, les autorités doivent réaliser un certain nombre d’analyses sur la toxicité du produit, sur les risques liés à la consommation et sur ses potentiels effets thérapeutiques. La molécule, ayant connu un succès relativement fulgurant, elle a pu se répandre rapidement avant que les autorités sanitaires n’aient réalisé les tests nécessaires. Ainsi, depuis sa commercialisation en France au cours de l’année 2022, le composé a pu être proposé librement à la vente durant un peu plus d’une année.
Comme en France, le HHC a été déclaré stupéfiant dans un bon nombre de pays européens comme l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Finlande, la Suisse et le Royaume-Uni. Néanmoins, il est à noter qu’il n’existe à ce jour aucune réglementation de niveau européen au sujet du HHC, sa légalité et son statut dépendent donc de chaque gouvernement.
Le HHC a été synthétisé pour la première fois en 1947 par le chercheur Roger Adams et son équipe. Le groupe de scientifiques américain avait pour but d’isoler les trois cannabinoïdes les plus connus du chanvre (CBD, CBN et THC) afin de les étudier.
Après plusieurs tentatives infructueuses pour tenter d’isoler le THC, le groupe a décidé d’avoir recours à l’hydrogénation. Comme les précédentes, cette tentative fut un échec, mais comme tout malheur est bon à quelque chose, elle ne fut pas pour autant inutile : ils réussirent à synthétiser le HHC. Malgré cette découverte, le groupe de chercheurs ne réussira jamais à isoler le THC. Cette découverte ne sera accomplie que 20 ans plus tard par le chercheur israélien Raphaël Mechoulam qui entra ainsi dans la postérité.
L’hydrogénation d’une molécule est un procédé connu depuis le XIXème siècle. Il est couramment utilisé dans l’industrie agroalimentaire pour faire de la margarine et beaucoup d’autres produits de consommation courante. Le procédé est donc sûr, mais il y a tout de même des risques. Si la synthèse n’est pas maîtrisée et réalisée dans les règles, il peut se trouver des traces de métaux lourds et de solvants dans le produit. Toutefois, ce n’est pas l’hydrogénation du THC qui a décidé de l’interdiction du HHC, mais bien son effet addictif.
Maintenant, vous savez tout ce qu’il y a à savoir sur le HHC et pourquoi il a été interdit. Néanmoins, comme l’a formulé le Ministre de la Santé lors de son passage sur les ondes de France inter : c’est un produit qui « comble un trou dans le marché ». Le HHC interdit, ce « trou » est de nouveau vacant, c’est donc naturellement d’autres produits comme le H4CBD, le THCP, ou encore le THCV on tenter de le remplacer. Mais finalement, ils ont connu le même sort, toutes les molécules ont été interdite. Et encore une fois d’autres sont venues, on les CBDP, 10 OH HHC ou encore THM.
Notes :